Interview de Pieter Kerstens
Personnalité connue dans le camp nationaliste. Ses textes sont publiés très régulièrement dans la blogosphère politiquement incorrecte. A la tête d’une entreprise bruxelloise, il se définit comme un «militant nationaliste révolutionnaire».
Tombé très jeune dans la marmite politique, Pieter Kerstens s’est toujours intéressé aux problèmes socio-économiques et financiers, en Europe ou ailleurs. Pour lui, c’est le manque de volonté et les dogmes des divers gouvernements européens qui sont les causes premières de l’aggravation généralisée qui se profile pour 2014.
La crise remonte, dit-on, à 2008. Estimez-vous que ses causes soient beaucoup plus anciennes ?
Effectivement, les origines des troubles financiers pourraient se situer vers la fin des années 90, lorsque la Réserve Fédérale Américaine (FED) avait décidé une baisse importante des taux de façon à stimuler l’économie. On a assisté à un déploiement d’arguments commerciaux aussi fallacieux que miraculeux pour inciter les ménages américains à s’endetter au-delà du raisonnable. Même les SDF et d’autres insolvables se sont vus octroyer des sommes conséquentes, pour l’achat de biens matériels ou immobiliers, dont ils étaient bien incapables de rembourser le premier dollar ! Mais le plus important se trouve lors du second mandat de Bill Clinton avec l’abolition du Glass Spiegel Act qui scindait, depuis les années 30, les activités de banques commerciales et de banques d’investissements. Cette restriction bancaire levée, on a dès lors constaté une multitude de fusions/acquisitions dans le secteur bancaire et financier qui au fil des ans a donné à l’adage «Too big to fail» une véritable mystification du rôle de la banque dans la société et son emprise dans l’économie réelle et virtuelle du XXIème siècle. Ce qui est tout à fait ahurissant est de constater que, malgré et en dépit de nombreux avertissements et rapports écrits par des analystes de premier plan, les chefs de gouvernements se sont défilés pour ne pas annoncer la tempête financière qui se levait. Car, avant de parler de «crise économique», il y a lieu de bien diagnostiquer les racines du mal qui, elles, se trouvent dans les agissements frauduleux des banquiers et des financiers américains tout au long du XXème siècle et surtout depuis une quinzaine d’années. Pour tous ceux qui l’ignorent, les effets de la tourmente financière ont été amplifiés par les banques et les multinationales, situées dans les paradis fiscaux où se trouvent également domiciliés des milliers de filiales des 10.000 sociétés les plus importantes au monde. Et les plus importants des paradis fiscaux ne sont pas des confettis exotiques parsemés dans les océans, mais surtout les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Luxembourg et la Suisse, les principales lessiveuses d’argent «sale» du monde criminel.
Au-delà d’une «simple» crise économique, pensez-vous que nous avons affaire à une crise beaucoup plus profonde?
Actuellement, la «Crise» est multiforme et contamine pratiquement toutes les sphères de notre société: de bancaire et financière: elle s’est propagée par la suite dans les différents secteurs de l’économie ainsi que dans le système social pour atteindre les familles, la plus petite des cellules de nos communautés. Par contre, nous connaissions déjà depuis fort longtemps une crise de civilisation qui conduira au déclin de l’Europe, déclin initié, lui, au lendemain de la 1ère guerre mondiale. Cette décadence s’est évidemment amplifiée avec les «événements» de mai 1968, dont beaucoup de décideurs, issus de cette génération, se trouvent aux commandes des pays européens aujourd’hui.
Ceci explique sans doute cela: ces saltimbanques sont confrontés à leurs contradictions parce que la dure réalité des faits se trouve en totale opposition avec les utopies qu’ils nous imposent depuis plus de 40 ans ! Et pour noircir encore le tableau, ces socialauds humanistes sont absolument incapables d’imposer les mesures structurelles qui permettraient aux nations de survivre au chaos annoncé, sachant que la «crise» dont on parle est en réalité un «krach» global qui additionne la tempête bancaire et financière de 2008 avec une crise économique et sociale surplombant un abîme de dettes publiques (crée ces 30 dernières années), tout cela sur un fond de fin de règne d’une classe politique corrompue et dégénérée. Effectivement, la crise est très profonde et ceux qui souhaitent une renaissance de l’Europe devront d’abord nettoyer les écuries d’Augias, non pas avec un Kärcher (même grand modèle), mais surtout avec des moyens radicaux… parce que la crise de surendettement est un réel cancer de nos sociétés, qui doivent apprendre une certaine rigueur et une certaine morale, tant économique que politique.
Peut-on imaginer un instant que les politiciens belges et européens actuels soient capables de résoudre cette crise ?
Ces responsables, issus d’une fratrie euro-mondialiste, se cachent la tête dans le sable comme les autruches qui refusent d’affronter le danger. En 2008, ils tenaient les banksters «par les couilles» ! Les politiciens européens avaient les moyens de modifier les lois dans l’urgence et d’imposer leurs vues aux patrons du secteur financier, ceci pour la défense du bien commun dans l’intérêt général.
Durant 4 ans, le Pouvoir politique n’a pas bougé, n’a rien changé, n’a rien imposé. Il eut fallu responsabiliser les banquiers sur leurs biens propres, de manière à ce que le risque porté par la banque soit aussi supporté par les décideurs (Conseil d’administration et surtout Comité de direction) dans l’optique d’une prise de risque «calculée et mesurée». A l’exemple des banquiers privés suisses, responsables sur leurs biens personnels, il faut absolument envisager un «code de gouvernance européen», liant les intérêts de chaque banque aux intérêts personnels des dirigeants.
Oui, les responsables européens, les chefs d’Etats et de gouvernements connaissent les remèdes à la crise, mais ils ne les utiliseront pas, de manière à ne pas mécontenter leurs électeurs et de susciter des réactions violentes du peuple, comme en Grèce et en Espagne. Malheureusement, le Pouvoir politique est devenu l’obligé du pouvoir financier d’abord et du pouvoir économique ensuite et cela au fil des siècles.
Face à cette crise, une autre Europe est-elle concevable et laquelle ?
Une «autre» Europe, sans les menteurs, les corrompus et les tricheurs du bassin méditerranéen et les parasites de l’Est, pourquoi pas ? Mais alors une Europe de 6 ou 7 Etats recentrés autour du «modèle» allemand, avec la participation positive des syndicats en vue de négociations sociales à long terme qui soient fructueuses pour l’ensemble des nations; syndicats qui devraient être totalement déconnectés de l’idéologie euro mondialiste qui suinte dans les couloirs de la Commission Européenne actuelle. On en est loin, car l’état de délabrement mental et intellectuel des bureaucrates bruxellois ne permet aucune perspective optimiste pour les deux années à venir.
Et de son côté, José Manuel Barroso a rendu public en septembre 2012 son credo pour une Fédération d’Etats-nations «qui réglera les problèmes communs, en partageant la souveraineté». Et que dit-il, entre autres litanies ?«…Nous ne pourrons pas faire l’économie d’un nouveau traité. L’Europe ne peut plus se permettre d’être technocratique, bureaucratique ou diplomatique. Elle doit être toujours plus démocratique. D’ici aux prochaines élections européennes de 2014, la Commission présentera ses idées pour les contours de la future Union Européenne. (…) Voilà l’ampleur des décisions que les Etats membres et les citoyens vont devoir prendre. Les élections de 2014 sont l’occasion de mobiliser toutes les forces pro-européennes et d’empêcher les populistes et les nationalistes de dicter leur agenda pessimiste». (L’Echo, 14 septembre 2012). Nous voici donc prévenus: ni les nationalistes, ni les populistes n’ont de place dans l’Europe de José Barroso & C°. «Les traités actuels vont donc être modifiés, dans un délai qui permettra un véritable débat» dit Barroso. Croyons-nous que les eurocrates vont demander votre avis ? Qu’ils vont proposer un référendum dans chaque pays de l’Union ? Que les populations concernées vont pouvoir se prononcer ? Bien sûr que non !
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