Terrorisme : que risquons-nous avec l'intervention au Mali ?
Y a -t-il menace terroriste grave pour la France métropolitaine ?
Que la nébuleuse salafi-jihadie veuille terroriser la France est assuré. Toute sa propagande, ses sites Internet, etc. menacent d'ailleurs et vocifèrent : "La France a ouvert les portes de l'enfer", etc. Mais vouloir et pouvoir sont d'ordre différent.
Et si bien sûr le risque existe, rappelons quand même l'écroulement du terrorisme dans l'Union européenne (UE) depuis 2005-2006 : 600 attentats (et tentatives sérieuses) par an à l'époque - 170 en 2011, une centaine en 2012 - pour un continent de 500 millions d'habitants ! 24 pays sur 27 de L'UE sont hors terrorisme, plus rien du tout, depuis 2009. Et les attentats jihadi, là dedans ? 1 en 2009 (pour toute l'Europe), 3 en 2010 - et 0, rien du tout, en 2011. [source : Europol].
Un miracle ? Non, mais d'énormes progrès accomplis en Europe depuis une décennie : détection, suivi continental, électronique high-tech, coordination, etc. Désormais, il est ardu pour un réseau terroriste d'opérer sur notre continent sans être détecté. Mais bien sûr, pas impossible - et il y a toujours le solitaire auto-fanatisé. Mais rien là dedans ne constitue une menace d'ordre stratégique. Vigilance donc, mais dans le calme.
Que se passe-t-il vraiment au nord-Mali ?
La génération spontanée n'existe pas plus en stratégie qu'en biologie et l'actualité du Mali trouve son origine exacte dans la bizarre guerre faite en Libye l'an passé, dont on aimerait être sûr qu'elle releva bien du seul humanitaire - non de motifs plus glauques, au vu des intermédiaires ripoux, ex-gangsters et avocats marrons qui, comme autant de vautours, n'ont cessé de tourner autour de ce charnier là.
Soyons clair : comme Etat-tampon, Kadhafi entretenait des tribus à ses frontières sahéliennes. Stipendiées pour maintenir le calme, elles vivaient par ailleurs de trafics visant à "améliorer l'ordinaire". Kadhafi abattu, plus de solde. D'où l'urgence de semer le chaos dans la région, pour retrouver accès au nerf de la guerre. Pouvoir de nuisance, racket donc, plus qu'un vrai jihad dans la voie de Dieu. Mais comme les Toubabs (les Blancs) et leurs médias pétochent devant la terreur islamiste, brandir ce drapeau là fait une superbe propagande.
Qui sont ceux que le gouvernement désigne comme des "terroristes" ?
Si c'étaient seulement des terroristes, ce serait mieux - et plus simple. Plus qu'une "guerre au terrorisme", il se déroule ici ce que la doctrine militaire allemande nomme guerres de bandes, "bandenkriege". Des troupes en uniforme d'un côté et de l'autre, un chaos de milices, kataeb, gangs tribaux etc., tous précipités dans cette immense zone grise qu'est le Sahara, et y formant ensemble un protoplasmique et toxique "cône de déjection".
A ma connaissance, cette "guerre" est la première menée contre la forme nouvelle que prend aujourd'hui l'hostilité sur terre : l'hybride, ni terroriste pur, ni gangster parfait - les deux ensemble. Voici deux ans un haut responsable du renseignement algérien, goguenard, me décrivait ainsi le soi-disant émir abou Zayed : "lui, c'est Jihad le jour et Marlboro la nuit". Marlboro et bien pire : cocaïne, migrants clandestins, etc.
Et ces soi-disant "combattants de l'Islam" bourrés d'amphétamines, a demi-hagards et les yeux fous... Vous voyez Ben Laden tirant sur un pétard ? Non : ce sont des gangsters vaguement frottés de jihad - ce qui les rend plus dangereux encore : combattre un ennemi halluciné et incohérent est terrible pour une troupe classique.
Telle est la guerre qui s'engage. Peu de certitudes à son propos, mais celle-ci. Drogue du jihad ou drogue tout court, ces bandes du sahel sont fanatisées, parfois au bord de le que la psychiatrie nomme "délire à plusieurs". En prime, l'hystérie de l'apostasie dans la salafiya fait que tous y ont peur de tous, d'où, perpétuelle surenchère aux extrêmes. Nulle négociation, nul dialogue n'est envisageable avec elles. Parfois dans l'histoire humaine, un ennemi doit hélas être brisé, détruit en tant qu'entité organisée. Tel est aujourd'hui le cas au Sahel.
Xavier Raufer.
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