Moyen-Orient : un risque de chaos croissant
Que de louanges, officielles et médiatiques, pour ces révolutions dites « démocratiques » qui éclatent depuis un an au sud de la Méditerranée : hier pour celles de Tunisie, d'Égypte, de Libye, du Golfe persique, aujourd'hui pour la guerre civile en Syrie.
Pour la plupart des révolutionnaires, la démocratie est un mot vide de sens. C'est un drapeau derrière lequel se cache un islamisme militant réclamant une Charia qui persécute, et souvent exécute, les opposants.
Il existe, certes, des minorités évoluées, mais elles sont combattues et nombre d'entre elles s'exilent vers des cieux plus cléments, à commencer par les chrétiens.
Au niveau macroéconomique et géopolitique, ces révolutions ont miné des économies déjà fragiles.
La question géopolitique majeure qui se pose aujourd'hui est la suivante : quelles seront les conséquences des émeutes de la faim qui toucheront bientôt 200 millions d'hommes et de femmes ?
Nous n'avons pas de référence historique pour répondre à une telle question, mais un scénario doit être pris en compte : le risque d'une immigration massive touchant la Grèce, l'Italie, la France et l'Espagne.
Comment y répondre, alors que nous assimilons difficilement les 300 000 immigrés qui désirent s'installer chaque année dans l'hexagone ?
Rappelons-nous que l'enfer peut être pavé de bonnes intentions. Concernant la France et l'Europe, nos pulsions compassionnelles aboutissent à des résultats inverses aux éthiques que nous voulons défendre, puisque les pays dont nous avons soutenu les révolutions se retrouvent tous dans des situations économiques et politiques pires qu'il y a un an.
Concernant la Syrie, la situation géopolitique est encore plus complexe, étant donné que se trouvent impliqués la Turquie, l'Iran, les pays du Golfe persique, et la Russie.
L'Iran et la Russie soutiennent le régime Assad encore en place, la Turquie et les Émirats soutiennent les insurgés : le conflit a donc pris une dimension internationale devant laquelle les USA, l'Europe, et la France se révèlent plus spectateurs qu'acteurs.
À mon sens, aucune solution politique viable n'est possible sans un accord international reconnu par l'ensemble des pays concernés.
La France doit donc rechercher cette concertation indispensable, sans laquelle nous risquons de voir le conflit syrien, non pas s'ajouter à ceux des 200 millions des pays méditerranéens, mais s'étendre aux 300 millions du monde arabo-musulman (Turquie, Iran, Pakistan...).
Veillons à ce que le drame syrien ne soit pas le Sarajevo de 1914 : on sait comment commence une guerre, on ne sait jamais comment elle se termine.
L'Histoire doit nous servir de leçon. La France doit être le sage qui, fort de son expérience, défend une paix essentielle pour le présent et l'avenir des peuples arabes.
Hubert de Beaufort
- Créé le .